Gâteau d'anniversaire
Millefeuille minéral, gâteau d’anniversaire, les derniers titres sont gourmands. Serais-je en manque de douceur pâtissière ? Sans aucun doute, oui ! Mais il faut garder la ligne pour ne pas sortir du contexte.
Il est de coutume de dire que la première impression compte le plus. L’adage se vérifie souvent car “la première fois” imprime durablement notre inconscient. Il est alors compliqué de faire marche arrière. Est-ce affectif, raisonné ou instinctif ? Probablement un peu des trois. Les réactions seront multiples et variées en fonction des personnes et de l’histoire de chacune d’elles.
L’attribution d’un nom n’échappe pas à la règle. Lorsque le nom scientifique d’une fleur, d’un insecte ou d’un animal nous est inconnu, l’observation de l’espèce en question et la première impression qui en découle nous permet d’attribuer un surnom. “Big moustache” pour un papillon adèle australe. “Gros cuisseaux” pour un coléoptère oedemera nobilis. “Gâteau d’anniversaire” pour une fleur scabieuse des prés. Mais rien d’officiel bien-sûr.
Pour la scabieuse des prés, le parallèle avec un gâteau lui correspond d’avantage. Une décoration juste ce qu’il faut de kitsch pour un anniversaire de petite fille sage, avec des noeuds et des volants d’un rose “barbie”. Le pâtissier lui a donné une belle forme ovale, et il n’a pas omis les bougies sur le glaçage. Une fête réussie sans aucun doute. Ou pourquoi pas l’arme absolu d’un entartreur ? Il y a un philosophe qui devrait se méfier d’avantage des scabieuses.
Le surnom a la vie dure car même en découvrant les véritables termes techniques, il reste ancré dans nos habitudes. Même la traduction de certains termes scientifiques latins montre que l’origine des noms prend sa source dans une comparaison faisant référence à notre vécu personnel. J’aime l’idée que rien est figé. Les surnoms réinventent la nature selon les sensibilités. De la même manière que chaque photographe donnera sa propre interprétation du monde qui nous entoure au travers de ses cadrages.
« Impossible de vous dire mon âge: il change tout le temps. »
Le détail des étamines et des pistils d’une scabieuse des prés