Joyeux anniversaire madame Jean

 

11 novembre, une date de célébration, et d’anniversaire. L’armistice de la guerre de 14-18 bien-sûr. Mais aussi les 98 bougies que ma grand-mère aurait soufflé. Quoi de plus naturel que de fêter cette date. Avec de petits drapeaux décorant les bus en hommage aux poilus tombés pour la France, en particulier en Corse car le département a payé le plus lourd tribut en perte humaine à la nation. Des fleurs bien-sûr, avec un bouquet de nouvelles images sur ce site. Joyeux anniversaire “madame Jean” !

Mon grand-père aurait pu être jaloux de telles attentions pour un anniversaire. Mais étant venu au monde à Ajaccio un 15 août, il avait tiré le gros lot. La date de naissance de Napoléon Bonaparte, avec un feu d’artifice tiré juste sous ses fenêtres. Royal ! Ou plutôt Empereur !
En m’attardant quelques secondes sur mon prénom, et le jour de sa fête le 12 novembre, j’aurais très bien pu répondre au doux prénom de “Armistice”. Ou Léon, Démétrien ou Noé si le 10 novembre avait été retenu. Dommage car “Armistice” aurait eu du cachet sur une carte d’identité. Jouer en paix dans la cour d’école n’aurait pas été simple avec un tel blaze. Mais comme en temps de guerre, les brutes épaisses ne se distinguent pas par la finesse de leur esprit. Sans brute au départ, nul besoin d’armistice à l’arrivée.

Au final, si le souvenir des anniversaires reste ancré dans la mémoire, le quotidien souffre d’un repère qui s’est effacé avec la disparition d’une génération inoubliable. Celui de la pastille rouge “Vous êtes ici” collée sur un plan, à l’emplacement d’un numéro de rue qui symbolisait mes racines au quotidien. Dans une ville qui gardait encore un soupçon d’intérêt et d’authenticité.


« J’ai demandé à ma grand-mère: qu’est-ce que c’est un bossu ? Alors elle m’a chanté une vieille chanson. Je me rappelle pas la musique, mais les paroles ça disait comme ça: “Un rêve m’a dit une chose étrange, un secret de Dieu qu’on n’a jamais su, les petits bossus sont de petits anges, qui cachent leurs ailes sous leurs pardessus”. Voilà le secret des petits bossus. Les grand-mères, madame Rostaing, c’est comme le mimosa, c’est doux et c’est frais, mais c’est fragile. Un matin, elle n’était plus là. Une bosse et une grand-mère, ça va très bien, on peut chanter. Mais un petit bossu qui a perdu sa grand-mère, c’est un bossu tout court. »
— Marcel Pagnol - "Naïs"

Une aigrette composée d’un akène contenant la graine, et des filaments du pappus lui permettant de flotter dans les airs

Une aigrette composée d’un akène contenant la graine, et des filaments du pappus lui permettant de flotter dans les airs