Outil d'enfance
Un matin tôt, dans la pointe du Cap corse. Le soleil se lève sur une mer d’huile, avec l’île de la Giraglia paisiblement posée sur la ligne d’horizon. Un cadeau divin car les discussions sont souvent houleuses dans cette région de l’extrême nord de l’île. Un décor d’un calme absolu. Comment imaginer qu’au même moment, d’autres parties du globe se déchirent dans des guerres sanglantes qui font d’avantage de victimes civiles que militaires. Absurde après plus de trois millions d’années d’évolution humaine.
La scène est une invitation à la méditation. Mais le but premier est la photographie. L’immortalité passe par un outil d’enfance, mon premier boîtier, offert par mon père il y a plus de trente ans. Un Canon EOS 600, armé d’un 24-70, et chargé d’une diapo Fuji Provia 100F. La passion est intacte depuis le début de notre complicité. Seule une crème de nuit anti-ride est venue se greffer au duo. Commence alors un travail sans filet, dicté par un instinct façonné par l’expérience. Sans la tentation d’un écran de contrôle, il est important de rester concentré sur l’essentiel, la composition et l’exposition.
Bien que techniquement obsolète d’après le jugement de notre société de sur-consommation, adepte de la molécule “jetable à usage unique”, il faut reconnaître que mon EOS 600 est toujours dans le coup. Je l’aurais affectueusement surnommé mon “vieux pépère” ! Mais je suis encore plus vieux que lui. Alors évitons de nous faire nous même offense.
« Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse »
Le cap corse et l’île de la Giraglia sur un pointu de pêche en bois, photo réalisée avec mon vieux Canon EOS 600